dimanche 23 mai 2010

Une journée au Paseo de Los Monos


Il y a des endroits où l’on se sent chez soi après seulement quelques jours. El Paseo de los Monos en fait partie.

Convertis au rythme des tropiques, nous laissons le temps lentement étirer nos journées. Un jus d’ananas frais pour petit déjeuner, une baignade à la rivière en guise de douche, et la journée peut commencer.

Déjà quelques touristes affluent pour visiter le refuge. Les singes les observent depuis les arbres comme d’étranges créatures sans poils, jusqu’à qu’un laineux se décide à grimper sur leurs dos ou qu’un capucin visite leurs poches.

Le temps de quelques heures, nous devenons des guides sur la demande d’Elena, la guide Kichwa, pour veiller à ce que les singes n’attaquent pas les visiteurs. Bien qu’affectueux, les singes restent des animaux sauvages et leurs comportements peuvent s’avérer imprévisibles. La peur humaine est notamment assimilée à une agression pour les singes…

Une journée au Paseo de Los Monos. Un almuerzo et la sieste nous appelle. Là-bas, à la fenêtre, un singe araignée me regarde d’un air songeur. Il n’en reste que 700 dans le monde…

jeudi 20 mai 2010

Biodiversité végétale et animale : un équilibre

Après une balade en vélo de Baños à Rio Verde, route touristique convoitée pour ses cascades, son climat se rapprochant du tropical et ses eaux thermales, nous arrivons à Puyo en bus. Sur la route je me souviens qu'un jour auparavant, à seulement 3-4h de bus de la Haute Amazonie, nous étions encore perchés en haut des Andes entre 3 000 et 4 200 mètres. Nous voici En Amazonie, dans une cabane perdue dans la forêt tropicale, à quelques minutes de Puyo chez un couple suisse qui vit ici depuis 8 ans et a créé il y a 4 ans « El Paseo de los Monos ». Ceci est un refuge pour animaux, les plus représentés étant les singes laineux, singes araignées, capucins, singes écureuils, tamarins. Mais également boa, toucan, paresseux, coati (famille de l'ours)...
Les singes vivent en liberté, autour et dans la maison. Nous faisons très vite la connaissance de Lola, Bimbi... Tout de suite ils viennent vers nous, s'accrochent et nous adoptent. Chacun de nous se retrouve avec un singe sur les épaules, accroché au pantalon, nous léchant le sel de la peau sur le visage, agitant sa tête rapidement de droite à gauche en poussant un cri signification de joie intense ! Au départ c'est surprenant, quand on ne connaît pas le sens de cette communication on flippe un peu ! C'est le singe araignée qui exprime sa joie de cette façon. Je l'imite en secouant la tête et poussant ce cri de gorge et il me répond d'autant plus fort collant sa tête à mon oreille ! Depuis ce jour nous avons adopté cette façon de s'exprimer, l'utilisant même entre nous sans modération.
Cette scène donne l'impression que ces singes sont domestiqués. En réalité ils restent sauvages. Il faut 50 générations pour domestiquer un animal et de toute façon, le but est de les réintroduire en liberté dans leur milieu naturel, non pas d'en faire des mascottes. C'est pourquoi il faut surveiller son comportement mais aussi savoir se faire respecter quand un singe t'emmerde un peu trop. Car parfois, les capucins s'amusent à te mordre et surtout à te voler. Beaucoup d'espèces de singes comme les capucins mordent aux endroits stratégiques : les artères, les veines, les tendons, la gorge. Des points qui soient te tuent, soit t'immobilise à terre. Pour se faire respecter il faut être ferme et montrer que l'on domine. Mais pas de problèmes, rares sont les accidents.
Échange très intéressant avec Yvan sur le sujet de la protection de la biodiversité. Il fait de la défense des animaux non seulement sa passion mais aussi un combat pour sauver la forêt amazonienne. Il explique que protéger et/ou replanter des arbres ne suffit pas à sauver les forêts si on ne protège pas la diversité animale par la même occasion. Les singes sont par exemples des transporteurs de graines. En étant attirés par la couleur des fruits (ce qui n'est pas un hasard s'ils peuvent les voir), ils détectent leurs aliments, les mangent et permettent aux graines de se disperser et à l'espèce végétale de perdurer. Si le fruit tombait en dessous de l'arbre et restait là, la graine serait perdue. Il en va de ce schéma pour beaucoup de végétaux. La protection des forêts, c'est la protection de l"ensemble des êtres vivants qui les constituent.

lundi 17 mai 2010

Le Chimborazo

12 mai 2010. Le Chimborazo, montagne unique en son genre qui culmine à 6 310 mètres, plus haut sommet d'Equateur. Sa force et son respect attire et scotche le regard. Il sort de nul part un sommet enneigé qui est seul à porter fièrement cette vie éternelle.
Nous pasons de l'autre côté de la vallée à environs 4 000m d'altitude face à cet énorme édifice naturel bien plus propice à la contemplation que n'importe quelle construction humaine. La route pour Riobamba s'annonce merveilleuse, riche en surprise et ébaillement que réserve la cordière des Andes, d'autant plus par cette journée de ciel bleu où le soleil révèle les moindres détails de chaque sommet.
Je le touche maintenant des yeux, m'enivre de sa neige éternelle, me crame la rétine de ce blanc éclatant et rêve d'expédition au sommet de ce massif pour admirer les Andes équatoriennes dans sa totalité. Je ne veux plus, ne peux plus le quitter des yeux. Nous passons sur l'un des versants, si près, comme si la montagne devenait notre refuge et notre protecteur durant ce voyage. La force morale et spirituelle des hauts sommets est uniquye et ne peut se rencontrer de manière aussi évidente dans les plats pays.
Je voudrais dire au bus de s'arrêter, à mes compagnons de route qu'ils continuent sans moi et m'enfoncer dans le froid aride pour y découvrir tous les secrets. J'irais à la rencontre des lamas qui grillent sous ce soleil de plomb m'en faire des amis de galère et d'aventure.
Sur ce haut plateau à plus de 4 000m nous amorçons la descente vers Riobamba, tournant déjà le dos à la colline d'Ali Baba.
A bientôt Chimborazo !

samedi 15 mai 2010

Dirección Sur!

Nous entamons notre premier grand voyage hors de la capitale, direction la province de Bolivar, située plus au sud sur la cordillère. Nous partons pour une excursion d’une dizaine de jour, pour rencontrer les communautés qui produisent des plantes médicinales.

En s’éloignant de la vallée de Los Chillos, au sud de Quito, les maisons se font de plus en plus rares et laissent place à la forêt andine, là ou les arbres et les nuages se mélangent. Après quelques heures de route, nous apercevons le volcan Chimborazo, le plus haut sommet d’Equateur avec 6628m d’altitude. D’une certaine manière, c’est aussi le plus haut sommet du monde, ou du moins le sommet le plus éloigné du centre de la Terre (et le plus proche du soleil) dû à la forme ellipsoïdale de notre planète. La forêt andine cède progressivement sa place aux terres arides et volcaniques qui entourent le Chimborazo. Seule la Páramo, un biotope néo-tropical poussant à très haute altitude, couvre ce sol sans vie et indique la limite entre forêt andine et neige éternelle.

Nous arrivons finalement à Guaranda en début d’après midi. David, un vieil équatorien avec qui nous avions fait connaissance dans le bus propose de nous héberger pour la nuit à l’arrière de sa boulangerie. Après un repas plus attendu que jamais, nous rencontrons notre premier contact, un certain John Castillo qui travaillerait dans des projets agricoles avec les communautés indigènes du Bolivar. Nous apprenons qu’il travaille pour la FEPP, une organisation nationale d’aide au développement des communautés. Après une bo

nne heure de discussion où nous apprenons à connaître les attentes des uns et des autres, la FEPP affiche un certain enthousiasme pour participer à notre projet. John nous propose de partir en pick-up le lendemain pour visiter leur local, certaines communautés indigènes et une distillerie de plantes située à Salinas.


Les perspectives de travail semblent intéressantes puisque certaines communautés produisent déjà la Hierba Luisa et la FEPP nous propose d’établir un centre de distillation dans leur local à Guaranda.

De retour à la boulangerie, David nous fait visiter son atelier et nous informe d’une fête devant avoir lieu le soir même en ville. Il s’agit de célébrer le retour des restes de Manuela Saenz, la maitresse du célèbre Simon Bolivar, également appelée « La libertadora del libertador » pour l’avoir d’une embuscade.

La ville est en fête. Même l’orchestre national est au rendez vous ! Des feux d’artifices, des minis ballons dirigeables lancés « en offrande au ciel », des pétards et encore des pétards… Le tout sans la moindre sécurité ! Le clou du spectacle est l’allumage du « Castillo », une structure en papier et en bambou remplie de fusées et de pétards se consumant de bas en haut… La soirée se finira en musique, au son de la flûte de pan et de la bandurria (proche du Yukulélé).

Après une bonne nuit de sommeil et un petit déjeuner des plus typiques (tortilla de trago y café) dans la rue, nous partons avec John au local de la FEPP. Nous y découvrons une grande diversité de plantes cultivées, comme la Orel de Sierra, la Chilca, la Arallan, le Toronjil, l’Espino etc… Ces plantes serviront aux communautés pour débuter une production et leur permettre de compter sur une source de revenu supplémentaire.

Nous chargeons le pick up de plantes destinées à une communauté pour protéger leur culture du vent andin, et repartons vers le Chimborazo. Arrivé à la communauté, nous déchargeons les plantes et nous accordons une halte gastronomique à la fromagerie du village ! La communauté produit principalement de l’oregan, du thym et de la mente, mais connait bien la Hierba Luisa et serait prête à en produire.


Nous regagnons le pick up direction les hauts plateaux du Chimborazo. Au fur et à mesure que nous gagnons en altitude, la température baisse et la végétation change. Le paysage est fantastique.

Sur la route de Salinas, nous naviguons dans l’imperturbable mer de nuage des sommets andins entre les collines de Paramo vert pâle et les petites forêts de pins. John nous explique que la région était autrefois couverte d’arbustes mais les moutons et les feux volontaires ont progressivement ravagés la parai, une éponge végétale qui retient l’eau des montagnes. La tête haute, le regard

dédaigneux, les lamas nous toisent. Après un long trajet à l’arrière du pick up sur des routes caillouteuses, nous arrivons à Salinas pour un almuerzo

mérité.

Arrivée à la distillerie, nous nous renseignons sur les plantes. Ils font des huiles essentielles de Hierba Luisa, de Palo Santo, de Guaviduca et Guayusa. Issus de la tradition Kichwa, ils font perdurer l’utilisation de plantes médicinales dont les vertus sont utilisées depuis des millénaires. Malgré leur petite production, leur travail s’avère intéressant pour notre projet.

En travaillant avec la FEPP, proche de ces communautés, nous envisageons de créer une plateforme regroupant plusieurs producteurs. Les plantes seraient transportées depuis les différentes communautés avant d’être distillées à Guaranda. Le projet prend forme !