Après une balade en vélo de Baños à Rio Verde, route touristique convoitée pour ses cascades, son climat se rapprochant du tropical et ses eaux thermales, nous arrivons à Puyo en bus. Sur la route je me souviens qu'un jour auparavant, à seulement 3-4h de bus de la Haute Amazonie, nous étions encore perchés en haut des Andes entre 3 000 et 4 200 mètres. Nous voici En Amazonie, dans une cabane perdue dans la forêt tropicale, à quelques minutes de Puyo chez un couple suisse qui vit ici depuis 8 ans et a créé il y a 4 ans « El Paseo de los Monos ».
Ceci est un refuge pour animaux, les plus représentés étant les singes laineux, singes araignées, capucins, singes écureuils, tamarins. Mais également boa, toucan, paresseux, coati (famille de l'ours)...
Les singes vivent en liberté, autour et dans la maison. Nous faisons très vite la connaissance de Lola, Bimbi... Tout de suite ils viennent vers nous, s'accrochent et nous adoptent. Chacun de nous se retrouve avec un singe sur les épaules, accroché au pantalon, nous léchant le sel de la peau sur le visage, agitant sa tête rapidement de droite à gauche en poussant un cri signification de joie intense ! Au départ c'est surprenant, quand on ne connaît pas le sens de cette communication on flippe un peu ! C'est le singe araignée qui exprime sa joie de cette façon. Je l'imite en secouant la tête et poussant ce cri de gorge et il me répond d'autant plus fort collant sa tête à mon oreille ! Depuis ce jour nous avons adopté cette façon de s'exprimer, l'utilisant même entre nous sans modération.
Cette scène donne l'impression que ces singes sont domestiqués. En réalité ils restent sauvages. Il faut 50 générations pour domestiquer un animal et de toute façon, le but est de les réintroduire en liberté dans leur milieu naturel, non pas d'en faire des mascottes. C'est pourquoi il faut surveiller son comportement mais aussi savoir se faire respecter quand un singe t'emmerde un peu trop. Car parfois, les capucins s'amusent à te mordre et surtout à te voler. Beaucoup d'espèces de singes comme les capucins mordent aux endroits stratégiques : les artères, les veines, les tendons, la gorge. Des points qui soient te tuent, soit t'immobilise à terre. Pour se faire respecter il faut être ferme et montrer que l'on domine. Mais pas de problèmes, rares sont les accidents.
Échange très intéressant avec Yvan sur le sujet de la protection de la biodiversité. Il fait de la défense des animaux non seulement sa passion mais aussi un combat pour sauver la forêt amazonienne. Il explique que protéger et/ou replanter des arbres ne suffit pas à sauver les forêts si on ne protège pas la diversité animale par la même occasion. Les singes sont par exemples des transporteurs de graines. En étant attirés par la couleur des fruits (ce qui n'est pas un hasard s'ils peuvent les voir), ils détectent leurs aliments, les mangent et permettent aux graines de se disperser et à l'espèce végétale de perdurer. Si le fruit tombait en dessous de l'arbre et restait là, la graine serait perdue. Il en va de ce schéma pour beaucoup de végétaux. La protection des forêts, c'est la protection de l"ensemble des êtres vivants qui les constituent.