samedi 15 mai 2010

Dirección Sur!

Nous entamons notre premier grand voyage hors de la capitale, direction la province de Bolivar, située plus au sud sur la cordillère. Nous partons pour une excursion d’une dizaine de jour, pour rencontrer les communautés qui produisent des plantes médicinales.

En s’éloignant de la vallée de Los Chillos, au sud de Quito, les maisons se font de plus en plus rares et laissent place à la forêt andine, là ou les arbres et les nuages se mélangent. Après quelques heures de route, nous apercevons le volcan Chimborazo, le plus haut sommet d’Equateur avec 6628m d’altitude. D’une certaine manière, c’est aussi le plus haut sommet du monde, ou du moins le sommet le plus éloigné du centre de la Terre (et le plus proche du soleil) dû à la forme ellipsoïdale de notre planète. La forêt andine cède progressivement sa place aux terres arides et volcaniques qui entourent le Chimborazo. Seule la Páramo, un biotope néo-tropical poussant à très haute altitude, couvre ce sol sans vie et indique la limite entre forêt andine et neige éternelle.

Nous arrivons finalement à Guaranda en début d’après midi. David, un vieil équatorien avec qui nous avions fait connaissance dans le bus propose de nous héberger pour la nuit à l’arrière de sa boulangerie. Après un repas plus attendu que jamais, nous rencontrons notre premier contact, un certain John Castillo qui travaillerait dans des projets agricoles avec les communautés indigènes du Bolivar. Nous apprenons qu’il travaille pour la FEPP, une organisation nationale d’aide au développement des communautés. Après une bo

nne heure de discussion où nous apprenons à connaître les attentes des uns et des autres, la FEPP affiche un certain enthousiasme pour participer à notre projet. John nous propose de partir en pick-up le lendemain pour visiter leur local, certaines communautés indigènes et une distillerie de plantes située à Salinas.


Les perspectives de travail semblent intéressantes puisque certaines communautés produisent déjà la Hierba Luisa et la FEPP nous propose d’établir un centre de distillation dans leur local à Guaranda.

De retour à la boulangerie, David nous fait visiter son atelier et nous informe d’une fête devant avoir lieu le soir même en ville. Il s’agit de célébrer le retour des restes de Manuela Saenz, la maitresse du célèbre Simon Bolivar, également appelée « La libertadora del libertador » pour l’avoir d’une embuscade.

La ville est en fête. Même l’orchestre national est au rendez vous ! Des feux d’artifices, des minis ballons dirigeables lancés « en offrande au ciel », des pétards et encore des pétards… Le tout sans la moindre sécurité ! Le clou du spectacle est l’allumage du « Castillo », une structure en papier et en bambou remplie de fusées et de pétards se consumant de bas en haut… La soirée se finira en musique, au son de la flûte de pan et de la bandurria (proche du Yukulélé).

Après une bonne nuit de sommeil et un petit déjeuner des plus typiques (tortilla de trago y café) dans la rue, nous partons avec John au local de la FEPP. Nous y découvrons une grande diversité de plantes cultivées, comme la Orel de Sierra, la Chilca, la Arallan, le Toronjil, l’Espino etc… Ces plantes serviront aux communautés pour débuter une production et leur permettre de compter sur une source de revenu supplémentaire.

Nous chargeons le pick up de plantes destinées à une communauté pour protéger leur culture du vent andin, et repartons vers le Chimborazo. Arrivé à la communauté, nous déchargeons les plantes et nous accordons une halte gastronomique à la fromagerie du village ! La communauté produit principalement de l’oregan, du thym et de la mente, mais connait bien la Hierba Luisa et serait prête à en produire.


Nous regagnons le pick up direction les hauts plateaux du Chimborazo. Au fur et à mesure que nous gagnons en altitude, la température baisse et la végétation change. Le paysage est fantastique.

Sur la route de Salinas, nous naviguons dans l’imperturbable mer de nuage des sommets andins entre les collines de Paramo vert pâle et les petites forêts de pins. John nous explique que la région était autrefois couverte d’arbustes mais les moutons et les feux volontaires ont progressivement ravagés la parai, une éponge végétale qui retient l’eau des montagnes. La tête haute, le regard

dédaigneux, les lamas nous toisent. Après un long trajet à l’arrière du pick up sur des routes caillouteuses, nous arrivons à Salinas pour un almuerzo

mérité.

Arrivée à la distillerie, nous nous renseignons sur les plantes. Ils font des huiles essentielles de Hierba Luisa, de Palo Santo, de Guaviduca et Guayusa. Issus de la tradition Kichwa, ils font perdurer l’utilisation de plantes médicinales dont les vertus sont utilisées depuis des millénaires. Malgré leur petite production, leur travail s’avère intéressant pour notre projet.

En travaillant avec la FEPP, proche de ces communautés, nous envisageons de créer une plateforme regroupant plusieurs producteurs. Les plantes seraient transportées depuis les différentes communautés avant d’être distillées à Guaranda. Le projet prend forme !

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